Pourquoi les concours graphiques, c’est de la poudre de perlimpinpin ?
Quand on est un(e) jeune – ou moins jeune – créatif(ve), ça peut être tentant de participer à ce type de concours graphique : le thème est plutôt cool, ça permet de se faire la main sur des projets concrets, d’avoir de la visibilité sur son travail et pour ne rien gâcher, la récompense est alléchante.
Pourtant, dans la majorité des cas, c’est de la poudre aux yeux.
J’en ai moi-même fait l’expérience en étant plus jeune alors aujourd’hui, je vous explique pourquoi, en tant que professionnel(le) du graphisme, il vaut mieux pour vous de passer votre chemin.
C’est quoi un « concours graphique » au juste ?
Grosso modo : l’organisateur donne un briefing auquel les participants répondent dans un laps de temps imparti. L’organisateur sélectionne ensuite le gagnant et le récompense avec le prix de son choix.
En d’autres termes, l’organisateur motive X personnes avec une carotte en vue d’obtenir une réalisation graphique avec très peu de budget. Après tout, pourquoi payer un professionnel quand une communauté est prête à faire la même chose gratuitement ?
Pourtant le gagnant reçoit quelque chose, alors il est où le problème il est oùùùù ?
Si vous êtes un(e) graphiste indépendant(e) qui paie des charges et doit rémunérer son temps, ce n’est pas rentable, tout simplement. De plus, via votre participation, vous avez gentiment accepté de céder à tout jamais vos droits d’auteur sur votre création pour la modique somme de … pas grand chose.
Et là, il s’agit de la face visible de l’iceberg… Je ne vous parle pas des X autres candidats non retenus qui ont fourni le même type de prestation pour 0€.
Imaginez : je commande 3 pizzas, je goûte une part de chacune et finalement ne paie que celle qui me plaît (au prix que j’ai moi-même fixé en amont). Les 2 autres m’auront offert un repas à leurs frais. Merci, bonsoir.
Tous les concours sont à mettre dans le même sac ?
Un concours moral et vertueux, c’est comme la baisse des prix du diesel : ça arrive mais c’est assez rare… Pour vous aider à y voir plus clair, voici une liste non exhaustive de points qui crient « fuyez, pauvres fous! »:
🚩 Le concours remplace un appel d’offres ;
🚩 L’organisateur s’accapare tous les droits sur les soumissions des candidats ;
🚩 L’organisateur exploite commercialement ces soumissions et en tire des bénéfices ;
🚩 L’organisateur offre de la « visibilité » en guise de récompense.
Et dans le cas des ASBL ?
On peut comprendre la démarche d’une ASBL qui a peut-être moins de moyens financiers qu’une entreprise. Cela n’en excuse cependant pas l’exploitation de votre travail et donc le non-respect de la valeur de ce dernier.
Si vous voulez soutenir une ASBL, le plus simple est d’aller à sa rencontre et de discuter ensemble sur une collaboration qui sera réellement du win-win.
Salut à toi, jeune entrepreneur graphiste !
Si – comme moi à l’époque – vous venez de terminer vos études et vous dites plein d’enthousiasme : « Trooop coooool, hop un p’tit concours pour alimenter mon portfolio avec un pin’s en cadeau », sachez que c’est une idée de m… qui sent des pieds.
Si vous comptez débarquer en agence et n’avez que des projets réalisés dans le cadre d’un concours à présenter à un directeur artistique, ne vous attendez pas à un « OMAGAAAD grandiose ce t-shirt ! Bienvenue chez nous »… Nope, c’est du jamais vu (même dans le scénario de la pire série Netflix).
Quitte à passer du temps non rémunéré sur des projets dans l’optique de construire votre book, déploiez-le plutôt sur des réalisations plus pertinentes ou avec une finalité plus vertueuse (une association ou un projet qui vous tient à cœur, par exemple) Le résultat sera plus probant et d’avantage gratifiant pour vous.
En conclusion :
Si vous êtes un professionnel ou comptez devenir un professionnel du graphisme, n’encouragez pas ce type d’actions. Si une structure veut un travail graphique de qualité, elle paiera votre temps et votre expertise.
Coucou, c'est Pauline
Je vous partage un peu de tout (mais surtout, beaucoup de rien) consacrés au branding, à la création graphique et au quotidien d’une graphiste freelance qui essaie de survivre dans ce monde rempli de Comic sans MS.